Vol. 7, No. 2 (Winter 1999)
Feature Essays
- Round Table: Globalization and the Negotiation of International Investment Rules in a Post-MAI World
Moderator/modératrice: Elizabeth Smythe - Multilateralism in the Americas: Is It Working for Canada?
Peter M. Boehm and Christopher Hernández-Roy - A New Partnership for the Millennium? The Evolution of Canadian-Mexican Relations
Duncan R. Wood and George A. MacLean - Le Canada et La ZLÉA : Réflexions sur les stratégies
Joël Monfils, Martin Roy, Gordon Mace et Jean-Philippe Thérien - The Middle Power
Adam Chapnick - Globalization, Citizenship and Technology: The MAI Meets the Internet
Peter J. Smith and Elizabeth Smythe - Revisiting the Missile Technology Control Regime: Fostering a New Norm for Ballistic Missiles
Allen Chong - Destinies with Greatness or Delusions of Grandeur? Causes and Consequences of Canadian Prime Ministerial Interventions in International Crises
David Meren
Policy Options / Options politiques
Book Reviews / Critiques de livres
Round Table: Globalization and the Negotiation of International Investment Rules in a Post-MAI World
Moderator/modératrice: Elizabeth Smythe
The 1998 and 1999 years saw some dramatic and unexpected developments in international trade and investment negotiations in the collapse of the MAI negotiations and the "battle of Seattle" that have captured the attention of the media and policymakers. This round table draws on some of the lessons to be learned from these developments and the outlook for future negotiations on international investment rules in a context of a growing unease with globalization. The participants examine what future investment rules should look like and, equally important, who should be involved in the formation of Canada's policy positions on international investment rules.
Les négociations internationales sur le commerce et l'investissement ont eu, pendant les années 1998 et 1999, des rebondissements radicaux et inattendus avec l'impasse des négociations entourant l'AMI et la "bataille de Seattle" qui a appelé l'attention des médias et des décideurs politiques. Cette table ronde interpelle sur certaines leçons à tirer de ces développements et sur ce qu'il pourrait advenir des négociations futures sur la régulation de l'investissement international eu égard au malaise grandissant que suscite la mondialisation. Les participants s'interrogent sur le genre de formule de réglementation qui devrait survenir mais également, élément tout aussi important, se demandent qui devrait participer à la formulation des positions du Canada dans ce dossier.
Multilateralism in the Americas: Is It Working for Canada?
Peter M. Boehm and Christopher Hernández-Roy
This paper by Canada's Permanent Representative to the Organization of American States (OAS) and the OAS Senior Summit Specialist reviews Canada's leading role in hemispheric affairs over the last several years and answers the question posed by the title with a resounding "yes". Boehm and Hernández-Roy suggest that hemispheric integration is very much emerging through the concerted activities of governments, international organizations and civil society and that the architecture in place is evolving to meet the needs. While recognizing some of the problems in the system, including the need for better coordination, the authors highlight Canada's role as host to the hemisphere for a plethora of meetings, and the impact it will have on shaping the agenda for the new millennium through the next Summit of the Americas, scheduled to be held in Quebec City, 21-22 April 2001.
Ce texte commis par le représentant permanent du Canada à l'Organisation des États américains (OÉA) et le spécialiste principal du Sommet à l'OÉA retrace le rôle directeur joué depuis plusieurs années par le Canada dans les dossiers hémisphériques et répond par un "oui" sonore à la question posée en titre, le multilatéralisme dans les Amériques est-il productif pour le Canada? Boehm et Hernández-Roy avancent que l'intégration hémisphérique transparaît clairement au travers des actions concertées des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile, et que l'architecture en place évolue en fonction des besoins. Tout en admettant certains des problèmes qui obèrent le système, et notamment la nécessité d'une meilleurecoordination, les auteurs mettent en évidence le rôle du Canada qui se fait l'hôte d'une pléthore de réunions, de même que l'incidence qu'il aura ainsi sur la formulation de l'agenda pour le nouveau millénaire lors du prochain Sommet des Amériques qui aura lieu à Québec les 21 et 22 avril 2001.
A New Partnership for the Millennium? The Evolution of Canadian-Mexican Relations
Duncan R. Wood and George A. MacLean
This paper explores some key aspects of the bilateral relationship between Canada and Mexico, examining both its development over the last century, and current and future challenges and areas of mutual interest. It argues that increasing political contact between the two states is the result of a relationship that means more to the governments of both states than merely commercial gains. Closer Canadian-Mexican relations stand to be mutually beneficial in the long run, and in the short-to medium-term Canada should take the initiative in aiding Mexico in overcoming the myriad of challenges it currently faces. However, though there is great potential for a deepening of the bilateral relationship, several important obstacles must be overcome before closer ties may be achieved; these obstacles include differences in levels of economic development, differences in political cultures and modus operandi, and divergences in the bilateral relationship (particularly in the areas of security and human rights) that, while not obstacles to a closer relationship per se, do demonstrate contrasts in the foreign policy goals of the two countries. As Canada's economic involvement in Mexico grows, that country's stability will become ever more significant to Canadian interests. Deepening the relationship through the perception of mutual benefit is the best way to ensure that both country's interests are served.
Cet article fait l'exégèse de certains éléments clés des relations bilatérales entre le Canada et le Mexique en analysant à la fois leur évolution depuis un siècle et les enjeux actuels et futurs dans les domaines d'intérêt commun. Les auteurs postulent que l'intensification des contacts politiques entre les deux États est la résultante d'une relation mutuelle qui, pour les deux pays, représente bien plus qu'un simple gain commercial. Un resserrement des relations canado-mexicaines devrait se révéler mutuellement avantageux à long terme, alors qu'à court et à moyen termes, le Canada devrait prendre l'initiative d'aider le Mexique à remédier à la myriade de problèmes qui interpellent actuellement ce pays. Par ailleurs, même si une intensification des relations bilatérales est tout à fait dans l'ordre du possible, plusieurs obstacles importants restent néanmoins à franchir avant qu'un resserrement des liens mutuels puisse se concrétiser. Il y a ainsi notamment les niveaux de développement économique différents, les différences de culture économique et de modus operandi et les divergences dans les relations bilatérales (en particulier en matière de sécurité et de droits de la personne) qui, tout en n'entravant pas intrinsèquement les rapprochements, attestent néanmoins de l'existence de certains contrastes entre les objectifs de politique étrangère des deux pays. La stabilité du Mexique deviendra d'autant plus importante pour les intérêts canadiens que la présence du Canada dans l'économie mexicaine continuera à s'accroître. La meilleure façon de garantir que les intérêts des deux pays soient bien servis serait de solidifier la relation en projetant l'image de l'intérêt mutuel.
Le Canada et La ZLÉA : Réflexions sur les stratégies
Joël Monfils, Martin Roy, Gordon Mace et Jean-Philippe Thérien
Alors que s'achève la présidence du Canada à la tête du Comité de négociations commerciales (CNC), peu de progrès ont été réalisés dans les négociations visant la création de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). La cinquième rencontre des ministres du Commerce à Toronto en novembre 1999 devrait aboutir tout au plus à un consensus pour l'application de mesures de facilitation du commerce. Le Canada aura hérité d'un mandat difficile marqué par la crise financière brésilienne dont les effets se sont fait sentir dans plusieurs économies de la région. Néanmoins, le contexte économique défavorable ne peut expliquer à lui seul le piétinement des négociations. Le lancement de la ronde du millénaire à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en décembre 1999, mais surtout la persistance des différences de vue entre les pays de la région sur la portée du futur accord hémisphérique, en sont probablement davantage responsables. Jusqu'à maintenant, le Canada a développé une politique commerciale relativement uniforme à l'intérieur des différents forums de négociation régionaux et multilatéraux. Le gouvernement canadien favorise la mise sur pied d'accords commerciaux compréhensifs impliquant des niveaux de discipline commerciale élevés ainsi qu'une participation effective de la société civile à l'intérieur du processus de négociation. Dans le cadre hémisphérique, le Canada a développé des positions proches de celles des États-Unis en faisant la promotion d'une ZLÉA qui récupérerait l'essentiel des droits et obligations de l'ALÉNA. Or, plusieurs pays influents de la région, dont ceux du Mercosur, ont manifesté leur vive opposition face à une position de négociation inspirée du modèle d'intégration nord-américain. Ce document de politique vise d'abord à mettre en relief les difficultés associées à la mise en oeuvre de la politique commerciale canadienne dans un contexte régional. Il remet en question l'application indifférenciée de la politique commerciale du Canada dans les Amériques compte tenu de la dynamique particulière des négociations dans cette région et des différents objectifs formulés par le gouvernement face au processus d'intégration hémisphérique. S'il s'avère souhaitable d'améliorer l'environnement normatif dans lequel évoluent ses entreprises, le Canada doit également réunir les conditions nécessaires qui lui permettront d'atteindre les autres objectifs qu'il s'est fixés dans le processus de négociation en cours, à savoir, développer davantage ses relations commerciales avec les pays latino-américains et assumer un plus grand rôle dans la définition du processus de coopération hémisphérique. Ce document de politique examine les contradictions inhérentes à la réalisation simultanée de ces objectifs dans le contexte des Amériques et propose des options pour les surmonter.
As the period during which Canada chairs the Trade Negotiations Committee (TNC) draws to a close, it is clear that little progress has been made in the negotiations to establish a Free Trade Area of the Americas (FTAA). The fifth Trade Ministers' Summit in Toronto in November 1999 failed to reach a consensus even on the implementation of measures to facilitate trade. Canada inherited the TNC chairmanship at a difficult time with Brazil in a financial crisis, the impact of which was felt by many neighbouring economies. Nonetheless, unfavourable economic conditions alonecannot explain why negotiations stalled; more to blame are probably the millennium round of World Trade Organization (WTO) negotiations in Seattle in December 1999 and, most of all, the persistently diverging opinions among countries in the region on the scope of a future hemispheric agreement.Until now, Canada's trade policy has been fairly consistent within various regional and multilateral negotiation fora. The Canadian government favours the implementation of comprehensive trade agreements requiring high trade discipline, as well as the effective participation of civil society in the negotiation process. Canada has adopted a stance similar to the US by promoting a Free Trade Area of the Americas incorporating the basic rights and obligations of NAFTA. However, a number of influential countries in the region, including Mercosur members, vigorously oppose this negotiating position, which is underpinned by the notion of North American integration. This policy document highlights the difficulties associated with implementing Canadian trade policy in the region. It questions the wisdom of applying an undifferentiated trade policy broadly across the Americas, given the dynamics of regional negotiations and the diverse objectives established by the government for hemispheric integration. Though it may indeed be desirable to improve the standards under which companies operate, Canada must also create the conditions required to meet the other objective it has set in the current negotiations: to expand trade with Latin American countries and to assume a more significant role in defining the process of hemispheric cooperation. The document examines the contradictions inherent in achieving those goals simultaneously in the Americas, and suggests ways to overcome them.
The Middle Power
Adam Chapnick
Middle power has been a defining concept of Canadian nationalism in international relations since the Second World War, yet it remains relatively misunderstood. While scholars and practitioners use the term freely, most would have difficulty explaining exactly what it means. This paper evaluates the three traditional approaches to middle powerhood, concluding that middle powers should be understood as states delineated within an objective, three-level, international hierarchy. It relegates Canada to the lowest rank, and provides one explanation as to why Canadians and members of other so-called middle states have continued to campaign adamantly to be recognize with such an apparently inconsequential, and inaccurate, title.
C'est la notion de moyenne puissance qui, depuis la Deuxième Guerre mondiale, définit le nationalisme canadien dans les relations internationales, et cela même si elle a toujours été relativement mal comprise. Quoique les chercheurs et les praticiens utilisent l'expression assez libéralement, la plupart d'entre eux seraient bien en peine d'en expliquer exactement la signification. Ce texte démonte les trois perspectives classiques du concept de la moyenne puissance pour arriver à la conclusion qu'il convient de considérer les moyennes puissances comme étant des États qui s'inscrivent dans une hiérarchie internationale objective composée de trois niveaux. Cette analyse relègue le Canada au rang le plus bas, ce qui pourrait expliquer pourquoi les Canadiens, tout comme les membres des autres "moyens États" comme on les appelle, n'ont jamais cessé de militer obstinément pour bénéficier de cette appellation apparemment sans importance et tout inexacte soit-elle.
Globalization, Citizenship and Technology: The MAI Meets the Internet
Peter J. Smith and Elizabeth Smythe
The argument is often made that globalization has had a negative effect on political activity and citizenship. This article argues that this view is too pessimistic because new information technologies have provided a capacity for alternative forms of political expression and connection that citizens and groups have turned to their advantage. The article systematically examines how non-governmental organizations used the Internet to mount an effective opposition to the Multilateral Agreement on Investment. The result, the article argues, is that multilateral negotiators are now in the global spotlight and will, in the future, be under the scrutiny of NGOs and citizens who are well connected, well armed with information, and prepared to challenge them every step of the way.
On entend souvent dire que la mondialisation a des effects pervers sur l'activité politique et la notion même de citoyenneté. Cet article postule que cette opinion est par trop pessimiste dès lors que les nouvelles technologies de l'information ouvrent sur d'autres formes d'expression et de réseautage politiques que les citoyens, individuellement et collectivement, ont su exploiter à leur avantage. Il analyse de façon systématique comment les organisations non gouvernementales ont utilisé l'Internet pour monter une campagne d'opposition efficace contre l'Accord mutilatéral sur l'investissement. Ainsi, d'affirmer les auteurs, les négociateurs sont désormais sous les feux de la rampe partout dans le monde, et ils seront dorénavant sous étroite surveillance de la part des ONG et des simples particuliers qui, bien branchés et parfaitement informés, sont prêts à les prendre à partie à toutes les étapes du processus.
Revisiting the Missile Technology Control Regime: Fostering a New Norm for Ballistic Missiles
Allen Chong
This article argues that international security is threatened by ballistic missile proliferation. Establishing a ballistic missile non-proliferation norm requires members of the Missile Technology Control Regime (MTCR) to move towards greater transparency in restraining missile and missile component exports and technology transfers, in monitoring stockpile reductions, and in the resolution of underlying political issues. Although developed states see national export controls as necessary to retard the diffusion of sensitive technologies, developing countries see controls as discriminatory. Ballistic missiles provide evidence of a certain level of technological development, are symbols of prestige in defending state sovereignty, create potential export revenues, and industrial spin-offs. The transparency norm should be championed by the nuclear powers, especially the US, to convince skeptical leaders and galvanize support among allies in other governments.
Cet article pose que la sécurité internationale est menacée par la prolifération des missiles balistiques.Pour arriver à mettre en oeuvre une norme sur la non-prolifération des missiles balistiques, il va falloir que les membres du Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM) imposent davantage de transparence dans la limitation des exportations de missiles et des transferts de technologie balistique, le contrôle de la réduction des arsenaux balistiques et la résolution des contentieux politiques sous-jacents. Bien que les pays développés considèrent les contrôles nationaux à l'exportation comme une mesure nécessaire pour freiner la propagation des technologies d'importance stratégique, les pays en développement jugent ceux-ci discriminatoires. Les missiles balistiques attestent d'un certain niveau de développement technologique, ils sont un symbole de prestige pour la défense de la souveraineté nationale et peuvent être générateurs de revenus d'exportation et de retombées industrielles. Les puissances nucléaires, et en particulier les États-Unis, devraient militer pour la norme de transparence afin de convaincre les dirigeants sceptiques et mobiliser l'appui des alliés au sein des autres gouvernements.
Destinies with Greatness or Delusions of Grandeur? Causes and Consequences of Canadian Prime Ministerial Interventions in International Crises
David Meren
The article seeks to demonstrate the relevance of the international crisis literature to the Canadian context, and discusses the impact of Canada's centralized foreign policy power on crisis management efforts. This is accomplished through an examination of two prime ministerial interventions in the foreign policy process in response to an international crisis, specifically, the Trudeau Peace Initiative (1983-84), and the attempted humanitarian intervention in Zaire launched by Prime Minister Jean Chrétien (1996). Neo-realist approaches provide insufficient explanations of Canadian foreign policy behaviour during crises. A broader theoretical approach that incorporates sub-systemic levels of analysis is required to gain a comprehensive understanding of prime ministerial interventions in response to crises. The article concludes that while such interventions may be laudable and may even possess certain advantages, they also combine with crisis dynamics to promote an array of decision-making deficiencies. This increases the risk of a foreign policy output that undermines the objective that originally motivated the prime minister to intervene.
Cet article s'emploie à démontrer en quoi les textes de référence sur les crises internationales ont une dimension qui intéresse le contexte canadien, et il expose l'incidence de la politique étrangère centralisée conduite par le Canada sur les initiatives de gestion de ces crises. En l'occurrence, il analyse deux interventions de politique étrangère faites par des premiers ministres canadiens en réponse à une crise internationale: l'initiative de paix de Trudeau (1983-1984) et l'intervention humanitaire tentée au Zaïre par le premier ministre Chrétien (1996). Les analyses néo-réalistes expliquent mal les interventions de politique étrangère du Canada en situation de crise internationale. Pour arriver à comprendre parfaitement les initiatives des premiers ministres dans ces circonstances, il faut une démarche théorique plus vaste et qui intègre des niveaux d'analyse sub-systémiques. Cet article conclut que, même si ces interventions sont sans doute louables, voire utiles à certains égards, elles s'inscrivent également dans une dynamique de crise, ce qui fait ressortir toute la gamme des insuffisances du processus décisonnel. Le risque est ainsi d'autant plus grand d'aboutir à un élément résultant de la politique étrangère qui, en fin de compte, compromettra l'objectif qui avait, à l'origine, motivé l'intervention du premier ministre.