Vol. 12, No. 2 (Fall 2005)
Feature Essays
- Canadian Peacekeeping: Proud Tradition, Strong Future?
A. Walter Dorn - Les nouvelles relations transatlantiques en matière de
défense: quelle rôle pour le Canada ?
Frédéric Merand - Bridging the Political and Global Governance Gap:
A Two-Step Approach to Canadian Foreign Policy
John N. Clarke - Jean Chrétien’s Legacy in Managing Canadian-
American Relations
Stephen Clarkson and Erick Lachapelle - L’ALÉNA: le Canada doit-il s’en contenter?
Louis Bélanger - Truth or Consequences? The Law and Politics of the GATS
Health Care Debate
Mark Crawford
Canadian Peacekeeping: Proud Tradition, Strong Future?
A. Walter Dorn
Peacekeeping has a place of pride in the Canadian national identity. Canadians feel that their nation
is a natural leader in this international endeavour. How is this national identity expressed, and how
has it come about? Is it justified? An answer to these questions requires a probe of Canadian public
and military attitudes, a historical review of Canada’s peacekeeping activities, and an examination
of current Canadian contributions. The final question is: What is needed if Canada is to live up to
the image of the proud and prolific peacekeeper?
On associe fièrement l’identité nationale canadienne au maintien de la paix. Les Canadiens
estiment que leur pays est un leader naturel dans cet effort international. Comment s’exprime ce
sentiment et d’où vient-il? Est-il pleinement justifié? Pour répondre à ces questions, il faut examiner
les attitudes publiques et militaires du Canada, les contributions passées du Canada au maintien de
la paix et ses activités actuelles. Dernière question, évidemment : que faut-il pour que le Canada
soit à la hauteur de cette image d’artisan de paix fier et prolifique?
Les nouvelles relations transatlantiques en matière de
défense: quelle rôle pour le Canada ?
Frédéric Merand
La consolidation de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) entraîne une
reconfiguration des relations transatlantiques en matière de défense, désormais appréhendées
sous l’angle d’un rapport direct entre les États-Unis et l’Union européenne. Cet article s’intéresse
aux conséquences pour le Canada de sa marginalisation en matière de défense. La PESD y est
décrite comme un champ organisationnel avec un nouvel ensemble d’acteurs, de règles et de
représentations sociales. On y montre que le Canada a du mal à trouver sa place dans cet espace
producteur de politiques de sécurité, qui n’est ni celui d’un État souverain, ni celui d’une
organisation internationale traditionnelle comme l’OTAN. La solution passe par un engagement
concret et pragmatique au sein même du champ de la défense européenne.
Consolidation of the European Security and Defence Policy (ESDP) has helped to reconfigure
trans-Atlantic defence relations, now viewed through the lens of a direct relationship between the
US and EU. This article focuses on how Canada will be affected by its marginalization. It describes
the ESDP as an organizational field with a new set of players, rules and social pressures. Canada is
apparently having trouble finding its role in this space, which is generating security policy, yet is
neither a sovereign state nor a conventional international organization, such as NATO. The solution
lies in tangible and pragmatic commitment within the field of European defence itself.
Bridging the Political and Global Governance Gap:
A Two-Step Approach to Canadian Foreign Policy
John N. Clarke
Set against the backdrop of Canada’s recent International Policy Statement, this article outlines an
approach to Canadian foreign policy-making in two steps. The first consists of an analysis of the
political and substantive governance gaps that have emerged in the international system. The political gap consists of two fault lines in the international environment: the growing political gap
between members of the G77 and the G8 (particularly the US), and the arguably increasing
tensions between the US and many of its traditional allies. The substantive governance gap consists
of three dimensions: normative, technical and institutional. Both of these gaps – political and
substantive – are ones that Canada, by virtue of its geographic location, domestic expertise,
political heritage, and success as a pluralistic democracy – is well positioned to bridge.
The second step consists of outlining how Canada might – in practical terms – bridge the two gaps identified. The article therefore offers a short discussion of three inter-related levels of policymaking (strategic, operational and tactical), which can be used to identify clear objectives, measurable benchmarks, and the means through which they might be most efficiently achieved. Two illustrative examples are provided in the areas of diplomacy and development (two of the three ‘Ds’ outlined in the IPS): Canada’s engagement in Peru to strengthen democracy from June 2000 on; and the need to address the role of natural resources in conflict and, particularly, postconflict environments. These not only provide tangible examples of possible future policy directions, but also make explicit how the three dimensions of global governance are relevant to Canada’s international policy-making more broadly.
Prenant acte du récent Énoncé de politique internationale du Canada, l’auteur expose un mode
d’élaboration de la politique étrangère canadienne en deux étapes. La première consiste en une
analyse des brèches, politique et organique, apparues dans le système international. La brèche
politique résulte de deux failles sur la scène internationale : l’élargissement du gouffre politique
entre les membres du G 77 et du G 8 (en particulier les États Unis) et les tensions assez constantes
entre les États Unis et nombre de leurs alliés traditionnels. La brèche dans la gouvernance
organique aurait trois dimensions : normative, technique et institutionnelle. Le Canada, du fait de
sa situation géographique, de son expertise nationale, de ses traditions politiques et de son succès
comme démocratie pluraliste, est bien placé pour combler ces deux brèches – politique et
organique.
La seconde étape consiste à exposer comment le Canada pourrait, concrètement, combler ces
deux brèches. L’article offre ainsi un bref aperçu de trois ordres de prise de décision étroitement
liés (stratégique, opérationnel et tactique), qui peuvent permettre de définir des objectifs clairs,
des repères mesurables et les moyens de les atteindre avec efficience. L’auteur donne deux
exemples éloquents en matière de diplomatie et de développement (deux des trois « D » de l’ÉPI),
l’engagement du Canada au Pérou pour « consolider la démocratie » depuis juin 2000 et la
nécessité de tenir compte du rôle des richesses naturelles dans les conflits et, surtout, après les
conflits. Ce sont là des exemples tangibles d’orientations futures possibles qui montrent bien en
quoi les trois dimensions de la gouvernance mondiale sont pertinentes dans l’élaboration de la
politique internationale du Canada en général.
Jean Chrétien’s Legacy in Managing
Canadian- American Relations
Stephen Clarkson and Erick Lachapelle
Grasping for power in the shadow of Brian Mulroney’s highly unpopular support for the foreign
policy of Ronald Reagan and George H. W. Bush, Jean Chrétien promised in his 1993 “Red Book”
to maintain some distance from the White House, and to demonstrate more autonomy in his foreign policy. However, since the Chrétien government had much in common with the worldview
of Bill Clinton, Liberal Ottawa generally kept in step with Democratic Washington, even when Lloyd
Axworthy orchestrated global agreements establishing an International Criminal Court and banning
anti-personnel landmines in the face of official US disapproval. During the first four years of George
W. Bush’s presidency, Canada’s weakened position on the bilateral front paradoxically led it to
affirm greater autonomy, particularly in its refusal to support the US war with Iraq, which, we argue,
remains Chrétien’s most significant foreign policy legacy.
Cherchant à s’emparer du pouvoir après l’appui très impopulaire que Brian Mulroney avait donné
à la politique étrangère de Ronald Reagan et de George H. W. Bush, Jean Chrétien promettait, dans
le « Livre rouge » de 1993, de maintenir une certaine distance avec la Maison blanche et d’avoir une
politique étrangère plus autonome. Or, comme ensuite le gouvernement Chrétien a partagé en
général la vision du monde de Bill Clinton, les Libéraux eurent tendance à emboîter le pas aux
démocrates de Washington, même si Lloyd Axworthy orchestrait des accords internationaux créant
la Cour pénale internationale et interdisant les mines antipersonnelles contre l’avis officiel des
États Unis. Durant les quatre premières années de la présidence de George W. Bush, la position
affaiblie du Canada sur le front bilatéral l’a paradoxalement mené à réaffirmer son autonomie,
refusant en particulier de soutenir la guerre des États Unis contre l’Irak, ce qui, d’après les auteurs,
reste l’héritage le plus significatif de Chrétien en matière de politique étrangère.
L’ALÉNA: le Canada doit-il s’en contenter?
Louis Bélanger
La tournure prise récemment par le conflit sur le bois d’oeuvre a donné une impulsion nouvelle et
dramatique au débat ayant cours au Canada sur l’avenir de l’Accord de libre-échange nordaméricain.
Dans cet article, Louis Bélanger affirme que cet avenir passe nécessairement par une
réforme des institutions créées par l’Accord de 1994. Il montre en quoi la structure institutionnelle
actuelle de l’ALENA limite sa portée et le condamne graduellement à la désuétude. Cela n’a pas que
des conséquences négatives sur l’efficience et la compétitivité de la zone de libre-échange ordaméricaine
et, donc, du Canada. Le déficit institutionnel dont souffre le traité original crée aussi
une dynamique politique désavantageuse pour ce dernier comme pour le Mexique. Pour ces
raisons, remodeler l’ALENA—maintenir sa compétitivité et assurer sa viabilité politique—devrait
constituer un objectif primordial de la politique étrangère canadienne.
The recent turn of events in the softwood lumber dispute has given new impetus to the current
debate in Canada surrounding the future of the Free Trade Agreement. In this article, Louis
Bélanger argues that the very survival of the Agreement hinges on reforming the institutions it
created in 1994. He illustrates how the current structure of NAFTA restricts its effectiveness,
gradually condemning it to obsolescence. This has negative repercussions for the efficiency and
competitiveness of the North American free trade zone and, therefore, Canada. The institutional
deficit inherent in the original agreement also creates a political dynamic that is damaging for both
Canada and Mexico. For these reasons, remodeling NAFTA to maintain Canada’s competitiveness
and political viability should be one of our main foreign policy objectives.
Truth or Consequences? The Law and Politics of the GATS
Health Care Debate
Mark Crawford
The debate between critics and defenders of the General Agreement on Trade in Services (GATS)
has drawn attention to the GATS, prompted greater government efforts at consultation, challenged
the democratic legitimacy of the WTO, and led to an exploration of possible interpretations of the
GATS clauses that could impact on health and social policy. This article argues that defenders of
the GATS are probably correct in their legal interpretations of the key protections of policy
autonomy contained in the Agreement, most notably the Article 1:3 “governmental authority”
clause. That is not the whole story, however: maintaining the conditions of policy autonomy in the
health care sector will prove increasingly difficult in a liberalized trading environment.
Le débat entre les critiques et les défenseurs de l’Accord général sur le commerce des services
(GATS) a attiré l’attention sur ce dernier, poussé les gouvernements à améliorer les consultations,
contesté la légitimité démocratique de l’OMC et mené à explorer certaines interprétations
possibles d’articles du GATS qui pourraient avoir une incidence sur les politiques sociale et de
santé. D’après cet article, les défenseurs du GATS ont probablement une interprétation juridique
exacte des principales protections de l’autonomie des politiques qu’offre l’Accord, notamment
l’article 1:3 « autorité gouvernementale ». Cela, toutefois, ne suffit pas: maintenir les conditions de
l’autonomie des politiques dans le secteur de la santé sera de plus en plus difficile dans le contexte
de la libéralisation des échanges.