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Vol. 11, No. 3 (Spring 2004)

Feature Essays

Book Reviews

  • Shake Hands with the Devil:  The Failure of Humanity in Rwanda  By LGen Roméo Dallaire  
    A. Walter Dorn
               
  • While Canada Slept: How We Lost Our Place in the World  By Andrew Cohen
    Don Munton

Pathetic Fallacy: That Canada's Arctic Sovereignty Is on Thinning Ice

Franklyn Griffiths

This paper contests the increasingly widespread belief that climate change and Arctic sea-ice reduction are about to produce a commercial-shipping challenge to Canadian sovereignty over the Northwest Passage. The author demonstrates that ice-condition variability and containership economics will not make Canadian Arctic waters a viable alternative to the Suez Canal much before mid-century, by which time the better option of Arctic transpolar navigation may also be available. He shows that the potential for occasional voyages of rogue, tramp, and non-cargo ships in the Archipelago could give rise to new Canadian security and law-enforcement requirements, but not to any great sovereignty challenge. The author reaffirms his 2003 proposal for Canada to approach the US to work out a new Arctic-waters regime based in part on the recognition that, from a homeland-security perspective, Canadian law and law enforcement are preferable to international- straits status for the Passage. Finally, he urges a reinterpretation of Arctic sovereignty to focus on the capacity of Inuit to lead in a new Canadian occupancy of the high Arctic Archipelago at a time of increased accessibility and geopolitical change.

Cet article se démarque de la thèse communément admise voulant que les changements climatiques et le rétrécissement de la banquise arctique vont rapidement poser au Canada un problème de souveraineté du fait de la navigation maritime dans le passage du Nord-Ouest. Il démontre que la variabilité de l'englacement et l'économie du transport par conteneurs ne feront pas des eaux canadiennes dans l'Arctique une solution de remplacement viable au passage par le canal de Suez avant le milieu du siècle et qu'à ce moment-là, la navigation transpolaire par l'Arctique sera peut-être une meilleure option. L'auteur montre que la possibilité que des bateaux isolés, des tramps ou des navires autres que des cargos puissent à l'occasion passer par l'archipel pourrait exiger du Canada qu'il impose de nouvelles mesures pour assurer la sécurité et faire respecter ses lois dans ces eaux, mais sans guère être pour autant une remise en cause de sa souveraineté. L'auteur suggère au Canada, comme il l'avait déjà fait en 2003, de travailler avec les États-Unis afin d'élaborer pour les eaux arctiques un nouveau régime reposant en partie sur la thèse que, du point de vue de la sécurité intérieure des États-Unis, il serait préférable que le passage du Nord-Ouest, plutôt que de devenir un détroit international, demeure entièrement sous la juridiction du Canada. Il appelle à une réinterprétation de la souveraineté sur l'Arctique axée sur le fait que les Inuit pourraient être le fer de lance de l'occupation de l'archipel Arctique par le Canada face à une plus grande accessibilité de ces eaux et aux changements d'ordre géopolitique.


Le Canada et les Amériques: la difficile construction d'une identité régionale

Jean-Philippe Thérien, Gordon Mace et Myriam Roberge

Cet article examine la politique extérieure du Canada à l'égard du système interaméricain. S'inspirant de l'approche constructiviste, l'analyse explique comment l'identité hémisphérique du pays s'est progressivement transformée. La première section s'appuie sur une démarche historique pour donner une vue d'ensemble des relations entre le Canada et les Amériques au cours du 20ème siècle. La seconde partie montre ensuite comment, depuis l'adhésion du Canada à l'Organisation des États américains en 1990, la politique régionale du pays s'est surtout concentrée sur deux enjeux: la promotion de la démocratie et la libéralisation du commerce. Il ressort de notre étude que, malgré l'activisme dont le gouvernement a cherché à faire preuve au cours des années récentes, la politique du Canada face aux Amériques demeure confrontée à de persistantes interrogations.

This article examines Canada's foreign policy as related to the interamerican system. Based upon a constructivist approach, this analysis explains how the country's hemispheric identity has gradually evolved over time. The first part uses a history-based approach to present an overview of Canada's relations with the Americas throughout the 20th century. The second part then demonstrates how, since Canada's accession to the Organization of American States in 1990, two major challenges have been the focus of this country's regional policy: promoting democracy and liberalizing trade. This study reveals that, despite the government's attempted activism in recent years, Canada's policy vis-à-vis the Americas remains fraught with unanswered questions.


Perceptions and Foreign Policy: A Comparative Study of Canadian and American Policy Toward Cuba

Lana Wylie

Canada and the US have very different approaches toward Fidel Castro's Cuba. The American isolationist approach stands in sharp contrast to Canada's policy of constructive engagement. The author argues that these differences result from divergent perceptions rooted in the identities of the two states. By examining two post-Cold War issues that captured the attention of the public and officials in the US and Canada, this article illustrates how the different identities and their associated ideas and values translate into unique perceptions, distinct norms and, thus, policies. The article demonstrates that the distinct American and Canadian perceptions of, and reactions to, the Brothers to the Rescue shoot-down in 1996 relied on long-held perceptions of Cuba and each country's relationship with the Caribbean state, that were, in turn, rooted in the Canadian and American identities. The author also discusses the Canadian and American responses to speculation in 2002-2003 that Castro's regime has terrorist connections are based on two particular sets of assumptions that are embedded in the two identities.

Le Canada et les États-Unis ont des politiques diamétralement opposées à l'égard de Cuba et du gouvernement castriste. L'attitude isolationniste des Américains contraste de façon marquée avec la politique d'engagement constructif pratiquée par le Canada. L'auteur postule que cette différence est la résultante des perceptions divergentes bien enracinées dans les identités des deux pays. En analysant les deux contentieux qui, depuis la fin de la guerre froide, ont fait les manchettes et mobilisé l'attention des pouvoirs publics américains et canadiens, cet article explique en quoi ces identités différentes, ainsi que l'idéologie et les valeurs qui y sont associées, produisent des perceptions, des normes, et donc aussi des politiques distinctes. Il montre par ailleurs que la façon différente dont les États-Unis et le Canada ont réagi à l'incident lors duquel deux avions des Frères du secours ont été abattus en 1996 était due à la façon dont chacun de ces deux pays voyait depuis longtemps Cuba et ses relations avec cet État des Antilles, ces perceptions étant elles-mêmes profondément ancrées dans les identités propres des deux pays. L'auteur révèle également que les réactions du Canada et des États-Unis aux conjectures voulant que le régime castriste ait des liens avec les milieux terroristes sont issues de deux séries d'hypothèses elles aussi profondément ancrées dans ces identités.


Terrorism and Liberal Democracy in Canada

Tami Jacoby

Modern terrorism presents a tremendous threat to states around the world, both authoritarian and democratic. However, states differ as to how they respond to terrorist threat. This article explores the effects of counter-terrorism on the Canadian domestic arena. The democratic and multicultural nature of Canadian society has raised a number of questions about the capacity of individual rights and group identities to prosper within the confines of counter-terrorist legislation and actions. During counter-terrorism campaigns, states impinge more heavily on their citizens and require individuals and groups to cede a degree of their freedoms in order to provide leverage in combating terrorists. The dilemma for democratic states is to respond to terrorism within the domestic framework of constitutional regulations and the rule of law. This dilemma is something that all liberal democratic countries will face as terrorist networks spread internationally and seek to destabilize cherished civic institutions and societies.

Le terrorisme moderne représente une menace énorme pour tous les États du monde, qu'ils soient dirigistes ou démocratiques. La différence réside par contre dans la façon dont ceux-ci réagissent à cette menace. Cet article examine les effets du contre-terrorisme sur la scène canadienne. Le caractère démocratique et multiculturel de la société canadienne a porté à se demander si les droits individuels et les identités collectives pouvaient s'épanouir dans le contexte d'une législation et de mesures destinées à contrer le terrorisme. Lorsque l'État mène une campagne anti-terroriste, il empiète davantage sur l'espace du citoyen en exigeant de ce dernier ainsi que des différents groupes qu'ils abandonnent une partie de leurs libertés pour lui permettre de mieux combattre les terroristes. Pour un État démocratique, le dilemme est qu'il lui faut attaquer le terrorisme sans faire fi des prescriptions constitutionnelles et de la primauté du droit. C'est là un dilemme auquel tous les pays démocratiques libéraux vont devoir faire face à mesure que les réseaux terroristes prennent une dimension plus internationale et cherchent à déstabiliser les sociétés et les institutions civiques qui leur sont chères.


The Role of Culture in International Development Aid: Implications for Theory and Practice

Tanya Narozhna

Traditionally, the issue of social development and change has remained a major bone of contention between the two irreconcilable approaches ­ social engineering and historicism. Although the practice of international development assistance is being dictated by the logic of social engineering, this article demonstrates that the two approaches can complement each other in erasing some of the mutual indeterminacies. It argues that no meaningful change of social institutions can be accomplished through a simple transfer of technology, cognitive structures, and improved practices from one culture to another. They must be endowed with meaning that will resonate adequately within the recipient culture to effect the desired change. This approach focuses on guided social change that takes seriously the existing ideational and political frameworks, i.e., it deals with strategic social construction, whereby normative and behavioural innovations are deliberately induced by certain agents toward social environment. Although having an implicit social engineering bias, the institution building approach used here straddles the fence between historicism and social engineering. It is concerned not simply with changing the formal organizational structure of society, but also with induced and guided innovations that have the capacity to act on the social environment to become integrated into society and acquire the capacity to sustain them.

La question du développement social face au changement a toujours été une pomme de discorde entre deux écoles résolument irréconcialiables, l'ingéniérie sociale et l'historicisme. Même si la pratique de l'aide au développement international est dictée par la logique de l'ingéniérie sociale, cet article montre que les deux écoles peuvent être complémentaires en effaçant chacune certaines des indéterminations de l'autre. L'auteur postule qu'il est impossible de changer de façon significative une institution sociale par le simple transfert de technologies, de structures cognitives et de pratiques exemplaires d'une culture à une autre. Pour que le changement souhaité se concrétise, il faut plutôt les assortir d'une signification qui trouvera un écho favorable au sein de la culture cible. Cette démarche est axée sur un changement social dirigé qui prend en compte les cadres idéels et politiques existants, c'est-à-dire agissant sur l'édification sociale stratégique en induisant délibérément des innovations normatives et comportementales par le truchement de certains vecteurs axés sur l'environnement social. Tout en affichant une préférence implicite pour l'ingéniérie sociale, la méthode du renforcement institutionnel utilisée ici est un compromis entre l'historicisme et l'ingéniérie sociale. Elle ne tend pas seulement à modifier la structure organisationnelle formelle d'une société, elle veut aussi induire et guider des innovations susceptibles de pouvoir influer sur l'environnement social et d'être intégrées par la société en y acquérant un caractère durable.


Democratizing Canadian Foreign Policy? NGO Participation for the Copenhagen Summit for Social Development and the Beijing Conference on Women

Elizabeth Riddell-Dixon

In 1995 the UN convened two major international meetings: the Copenhagen Summit for Social Development ­ the first ever global summit on poverty ­ and the Beijing Conference on Women ­ the largest conference in UN history. In keeping with the Liberal Government's 1993 campaign promise to democratize the Canadian foreign policy-making process, government- sponsored mechanisms were established to facilitate NGO preparations for both the Summit and the Conference. The article compares and contrasts these two sets of mechanisms and assesses the extent to which they facilitated meaningful NGO participation that was taken seriously by government decision-makers, and offered real opportunities for influencing policy outcomes. It concludes that each set of mechanisms facilitated extensive NGO participation by diverse groups from across Canada and benefited both the Canadian government and the NGOs. The mechanisms did not enable NGOs to affect Canada's broad objectives or the guidelines for its negotiators. There were, nonetheless, differences in the degree to which the NGOs in each case were able to affect outcomes. Whereas the mechanisms established for the Copenhagen Summit enabled the NGOs to influence the precise wording proposed by the Canadian government negotiators at the Preparatory Commission meetings, the Beijing mechanisms did not result in NGO influence over either the direction or substance of Canada's official policies. Both cases illustrate the need to situate studies in the context of more macro-level trends in Canadian policy-making.

L'ONU a tenu en 1995 deux grandes conférences internationales: le sommet de Copenhague pour le développement social - le tout premier sommet mondial sur la pauvreté - et la conférence de Beijing sur les femmes, la plus grosse conférence jamais organisée par les Nations Unies. Dans le droit fil de la "démocratisation" du processus d'élaboration de la politique étrangère, une promesse électorale faite en 1993 par le gouvernement libéral, plusieurs mécanismes parrainés par le gouvernement avaient été institués pour faciliter la participation des ONG à ces deux manifestations. Cet article compare et oppose ces deux séries de mécanismes et analyse en quoi elles ont effectivement favorisé une participation productive des ONG, en l'occurrence une participation prise au sérieux par les décideurs gouvernementaux et qui donnait véritablement la possibilité d'influer sur les politiques résultantes. L'auteur conclut que chacune a facilité une plus large participation des groupes canadiens les plus variés, ce dont ont bénéficié à la fois le gouvernement et les ONG. Ces mécanismes n'ont en revanche pas permis aux ONG d'influer sur les grands objectifs de politique du Canada, pas plus que sur le mandat de ses négociateurs. Mais dans chacun des cas, la participation des ONG a eu, à des degrés divers, une influence au niveau des résultats. Alors que les mécanismes mis en place en vue du sommet de Copenhague ont permis aux ONG d'influer sur le libellé précis proposé par les négociateurs canadiens lors des réunions de la Commission préparatoire, dans le cas de la conférence de Beijing ils n'ont donné aux ONG aucune manière d'influence sur l'orientation ou la substance des politiques officielles du Canada. Les deux cas illustrent bien la nécessité qu'il y a de positionner les études dans le contexte des macro-tendances qui animent le processus d'élaboration des politiques au Canada.